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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/103

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Mais elle vit entrer sa mère si changée, si douloureuse, que de nouveau elle se révolta. La vie se tissait de cruautés. Sa pauvre maman, la voix défaite, les yeux lavés, abîmés par les larmes. Ils avaient été unis comme Monique désirait être unie à l’homme qu’elle épouserait. Ils avaient ri ensemble comme au temps de leur jeunesse. Jamais Monique n’avait entendu sa mère blâmer son père ; et voilà que pour toujours, et brusquement, ils étaient à jamais séparés. Mais sa mère, doucement, lui disait :


— Quelle grâce, au moins, qu’il ne soit pas défiguré, qu’il nous laisse ce bon souvenir. Ma pauvre petite, ce serait insupportable, au-dessus de mes forces, mais il a pu me parler, me dire adieu. Il a prononcé ton nom. Il est mort résigné. Ne pleure pas. Il nous aidera. Il me l’a promis. Monique qui tamponnait ses cils mouillés de son mouchoir en boule, cessa de sangloter pour scruter de nouveau ce sourire énigmatique de la mort. Ce sourire si rassurant, si plein de paix. Son père vivait-il déjà dans l’Éternité ? Puisqu’il semblait goûter un subtil bonheur, savourer le repos, et comprendre enfin et l’exprimer, avec le pli de sa lèvre à jamais silencieuse. Il avait promis de l’aider. L’aider à quoi ? À trouver ici-bas la félicité dont elle avait soif ? Elle toucha les