Aller au contenu

Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

savoir. Dans tous les cas, ma chérie, ne t’emballe pas. Vois le danger.

Lucette était prête à s’emporter. Le sujet lui faisait mal.

— Danger ? mais quel danger, marraine ?

— Tu pourrais l’aimer. On n’épouse pas un malade.

— Faut-il donc que je me marie ? Vous n’êtes pas mariée, marraine, et vous êtes heureuse.

— Peut-être. Mais, ordinairement, une femme qui n’entre pas en religion doit fonder un foyer, avoir un mari, des enfants…

— Je n’ai que dix-neuf ans ! J’ai le temps de penser à autre chose qu’à me trouver un bon parti ! N’est-ce pas une belle œuvre, m’occuper de Jean ? Ne serais-je pas blâmable de l’abandonner, maintenant ? Sera-t-il condamné à une solitude absolue, si tout le monde doit redouter son amitié ? Notre correspondance le distrait. Il n’est pas question d’amour. Et puis, son influence, vous le savez, me sera salutaire. Il est très cultivé.

— Ah ! Lucette, tu ignores tout de la vie, tu te jetteras dans un piège, et plus tard tu souffriras.

— Vincent Le Tellier reçoit des lettres de jeunes filles ; il ne pense pas à l’amour ; il m’a avoué qu’il y avait renoncé…

— Il y a renoncé, oui, mais après une aventure semblable à celle dans laquelle tu t’embarques.