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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/131

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à Jean, elle avait eu pour but de se distraire. Jean avait attribué ses lettres à la bonté, il l'en avait louée ; elle ensoleillait, disait-il, les mois les plus obscurs de sa vie. Alors, le but de cette aventure, l’amusement, s’était peu à peu modifié. Il devint plus grave, presque religieux, et maintenant il tenait en elle la place la plus importante.


Effrayé de l’ardeur triste qu’elle manifesta bientôt dans ses lettres, Jean la supplia de ne pas s’attacher. Malgré le sentiment qu’il éprouvait pour elle, il la priait de ne pas engager son cœur. Elle était jeune, elle pouvait lui consacrer quelques heures d’amitié, mais elle devrait ensuite songer à son avenir. Jean refusait d’être un jour l’obstacle à son bonheur.

Alors, il la repoussait ? Songer à son avenir, cela signifiait donc prosaïquement prendre un mari capable d’assurer votre subsistance ? Il disait ainsi en d’autres termes ce que lui assurait sa marraine ? Eh bien ! lui aussi aurait tort. Pourquoi cette rage exaspérante et universelle de mariage ? Ne pouvait-on pas autrement édifier son avenir ? N’y avait-il pas diverses vocations ? Même avant d’aimer Jean, Lucette se souvenait avoir souhaité rester célibataire. Elle s’affolait lorsqu’elle s’imaginait à la tête d’une famille, avec une maison à tenir, du linge à raccommoder, des enfants à