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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/15

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— Que vous êtes jeunes et que vous m’amusez…

Mais comment dire aussi quelle était la plus belle chose du monde ? Comment dire, pensaient-elles toutes, excepté Monique, qui croyait beaucoup à l’argent, — l’argent était plus rare chez elle que chez ses amies, — comment dire, si c’était la tendresse ou la foi, le rêve ou la réalité, l’art ou la nature, le présent ou le souvenir, la famille ou la solitude, la voix humaine ou la voix du vent ? L’enthousiasme, l’ardeur, la lumière, la paix, le calme ou la violence de quelque tumultueux sentiment ?

Monique, Nicole, Claire et Lucette, lasses de chercher, changèrent enfin de propos.

Personne ne leur murmura :

— La plus belle chose du monde, mes pauvres enfants, c’est vous, c’est la jeunesse.

D’ailleurs, elles n’en auraient rien cru.

Monique Chênevert était la plus longue, la plus agitée, la plus drôle à voir et à entendre. Elle poussait comme une asperge, mince, les épaules étroites dans son uniforme noir, et la sévérité étouffante du col ajusté et bordé d’un liséré blanc, jurait avec sa tête ébouriffée, pétillante de vie, d’animation. Elle coiffait en couronne ses cheveux châtains, les deux grosses tresses qui en-