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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/16

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touraient son front, retenues, de chaque côté, par de larges nœuds couvrant les oreilles, caressant les joues. Presque tous les soirs, Monique lavait ses rubans à l’eau sucrée, pour qu’ils fussent raides. Le lendemain, entre les énormes papillons noirs, sa figure ressortait mieux.

Ses yeux bleus, brillants, curieux, ses cils foncés et longs, ses sourcils mobiles, son nez qu’elle détestait pour sa légère tendance bourbonnienne, ses lèvres gourmandes, qu’elle mouillait sans cesse de sa langue rose, — pour les garder rouges, assurait-elle, — ses dents parfaites, tout annonçait déjà une intéressante beauté. Vive, trépidante, bavarde, Monique était un véritable tourbillon. Si par hasard, pour écouter, elle se calmait un instant, sa pause subite et courte rappelait celle du vent qui cesse de souffler, pour repartir ensuite dans une ronde plus violente.

Immobile, Monique penchait alors la tête d’un côté, laissait ses longs bras pendre sur sa robe. Lucette chaque fois la regardait et riait mystérieusement. Monique s’indignait, demandait la raison de cette offensante gaieté. Lucette se taisait et riait de plus belle. Puis un jour Monique parvint à savoir ce qui amusait tant son amie :

— Ma chère Monique, tu ressembles à une chèvre, c’est effrayant ce que tu ressembles à une chèvre…