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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/247

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CHOSE DU MONDE

I 245 J

fois ? Six années à Paris ont bien changé Glaire, et Lucette n’a plus le secours de la docte Nicole pour la ramener à une conception plus saine, moins païenne de l’existence.

Chacune avait commenté suivant son caractère, le livre dont tout le monde à présent parlait : «Contrepoint». Lucette admirait bien la réussite littéraire, l’exactitude émouvante, mais elle déplorait ce choix d’un monde interlope, le cynisme, et certaines pages, vraiment.

— Madame Vidal et moi, disait-elle, pourrons-nous encore parler de l’honnêteté du roman anglais ? Je préfère pourtant cette franche crudité aux romans faisandés où la religion et la sensualité se fondent et se mêlent. Un auteur sans croyance conçoit la vie tout autrement, et c’est logique. Un livre comme «Contrepoint» me fait au moins apprécier mon bonheur de chrétienne. Avec la Foi, la vie devient simple, aisée, elle trouve son explication. Sans la Foi, c’est le trouble de tous les héros de ce livre. Ils courent d’une utopie à une autre  ; ils semblent s’imaginer, comme le font les Soviets, qu’en arrangeant les choses autrement, on finira par être heureux sur terre. Les conseils de l’Imitation sont beaucoup plus salutaires.

Claire louait Huxley sans réserve. Elle se leva, prit le livre sur sa table à écrire et lut la page si