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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/248

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[2461 LA PLUS BELL parfaite du début. Ensuite, elles avaient parlé de Sarn, de Mary Webb. Et elles s’étaient exclamées toutes ensembles :

— C’est un chef-d’œuvre ! Et Claire, l’intellectuelle Claire, ardente avait dit :

— Si j’écrivais un livre semblable, je pourrais mourir jeune, moi aussi, sans regrets... Elles avaient parlé de tel écrivain, puis de tel autre, et discuté dans un beau tapage comme autrefois, s’enivrant de leurs mots, de leurs idées, de leurs expériences, et soudain Monique avait crié :

— Mes amies, mes amies, j’ai trouvé quelle est la plus belle chose du monde. J’ai trouvé. C’est l’amour des choses de l’esprit, c’est «l’intérêt magique et profond de la lecture,» comme le dit quelque part Marcel Proust... Elles avaient alors pensé à leur amitié adolescente, à leur passion pour Poupon Rose, à leurs courses aux bibliothèques, aux longues discussions animées et folles de leurs soirées ; à leurs amours ; à leur vie présente que toujours nourrissaient les livres, les auteurs célèbres anciens et modernes, français et étrangers. Ces auteurs avaient donné à tous leurs sentiments une espèce de profondeur poétique, de charme subtil qui les pénétrait ; ils enchantaient leur mémoire et tous leurs sou -