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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/251

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CHOSE DU MONDE
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chaque fois qu’elles se rencontrent, quel que soit leur état d’esprit, elles retrouvent ensemble la gaieté, l’entrain et le rire si précieux.

Au temps lointain ? Oui, déjà. Leur amitié compte vingt longues années. C’est étrange qu’on vieillisse ainsi sans le sentir, imperceptiblement.


Entre le vase d’où s’élancent les lanternes chinoises, et la lampe bleue, Lucette examine attentive, son visage reflété dans la glace. Non, elle n’a pas trop changé. Ses yeux conservent leur lumière, son front est resté sans rides. Au coin des paupières, en regardant de près, le temps a bien tiré quelques lignes, mais jusqu’à quarante ans, elles demeureront à peu près invisibles.


Lucette soupire, soulagée ; soulagée de ce répit, avant la vieillesse, oubliant que trente-trois ans, c’est bien près de quarante, de l’âge mûr.

L’âge mûr, si elle l’apercevait à sa porte, elle sursauterait, désespérée, absolument désespérée…

Et pourtant… les années sonnent, sonnent, sonnent rapprochées comme des heures.

1932, 1933, 1934, 1935… Les années passent et tout arrive.


FIN