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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/250

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voir gesticuler, de l’écouter. Et lorsque Monique avait les cheveux séparés d’une certaine manière, comme Lucette retrouvait bien sous la femme l’enfant dégingandée d’autrefois.

Claire comme toujours parlait peu. Et quand elle parlait, c’était encore avec cette ardeur extrême qui jette des flammes et s’éteint subitement au milieu d’une phrase… Claire a conquis la célébrité. On l’invite partout. Mais Lucette la devine désaxée, l’âme nostalgique, un peu douloureuse, toujours, malgré le succès. Claire ne serait-elle pas satisfaite de sa destinée, « parce qu’elle fait sa route seule » ? Faut-il toujours souhaiter ce qui n’arrive pas ? Et la douce Claire, que tant de femmes envient, envie-t-elle les autres ?

Et Lucette se dit en pensant à ses chères amies avec une tendresse émue : « Oui, la plus belle chose du monde, c’est peut-être l’amour des choses de l’esprit ; mais cela pourrait être aussi bien notre amitié. Notre amitié constante et chaude qui n’a été assombrie par aucun nuage, notre longue, douce et heureuse amitié ». Aussi longtemps qu’elle vivra, lui semble-t-il, retrouver Monique et Claire, penser à Nicole, ce sera boire à une source rafraîchissante, pure comme l’enfance, à une source unique et intarissable. Comme au temps déjà lointain de leur adolescence,