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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/30

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LA PLUS BELLE

Ainsi, le lundi, pénible autrefois, à cause des devoirs à reprendre après la paresse dominicale, s’affirmait maintenant la plus magnifique des journées, avec le cours de littérature du soir à l’Université. Et en vertu d’une conséquence logique, le dimanche traînait en longueur et triste à pleurer. La gaieté, leur fidèle compagne de classe, leur manquait ce jour-là. Elles n’habitaient pas la même paroisse et passaient d’ordinaire le dimanche sans se voir. Privées des chimères électrisantes qui les exaltaient quand elles étaient réunies, elles retombaient lourdement dans la réalité.

En famille, elles entendaient davantage parler des grands et petits malheurs qui parsèment la vie. Elles reprenaient malgré elles contact avec la terre ; frères, sœurs et, à l’occasion, cousins, cousines, oncles et tantes, racontaient leurs difficultés ; les maladies, les revers semblaient l’aliment inévitable de chaque jour. Souvent quelque grande épreuve assombrissait leur entourage. Le monde n’était plus un beau rêve, mais un composé acide de choses variées où entraient en majeure part blessures, accidents, angoisses, humiliations, injustices, deuils ; épreuves aggravées par la diversité des caractères, les impatiences, les mésententes, les inquiétudes de toutes