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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/32

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LA PLUS BELLE CHOSE DU MONDE

Claire lisait un roman malheureux de Bourget, de Bordeaux ou de Theuriet, pour alimenter ses désespoirs.

Mais le lundi matin elles ouvraient les yeux avec empressement, s’habillaient vite, pour courir au-devant des heures. Sac en bandoulière, Lucette sonnait chez Nicole encore plus tôt que d’habitude. Elle se promenait plus longtemps à l’attendre, sans songer à s’en plaindre. Trop de bonheur exaltait son esprit. La vie recommençait.

À la rue Cherrier, elles verraient Monique venir vers elles, gesticulant : et un peu en retard, Claire entrerait à son tour en classe ; heureuses, elles attendraient ensemble le cours du soir.


Mais voilà que, les cours de littérature terminés, Poupon Rose retournait en France. Des jours joyeux s’enfuyaient à jamais.

Monique, coupant un silence déclara soudain :

— Ah ! que je voudrais savoir ce que je serai plus tard…

— Et moi donc ! cria Lucette.

Mais Nicole, qui apparemment n’espérait rien d’extraordinaire, leur dit prosaïquement :

— En attendant, allons dormir, il est l’heure…

Leur rappelant qu’elles étaient encore des petites filles qui le lendemain iraient en classe et avaient des « collégiales » à passer, ô tourment.