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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/36

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LA PLUS BELLE CHOSE DU MONDE

ou à Sainte-Agathe, à quelque fête de charité. Avec son jeu savant, mais aussi avec sa jolie robe, sa grâce, son visage devenu charmant, elle conquerrait le beau chevalier à la bouche triste qui tomberait enfin à ses pieds. Elle ne brodait pas ces chimères sans se moquer un peu d’elle-même, mais à certains jours, comment ne pas y croire ?


Cet hiver-là, il n’y eut tout de même que ces songes, les études, et d’innocents amusements pour leur aider à passer le temps, qui fuyait cependant extrêmement vite. En plein hiver, elles entreprirent toutes les quatre de nombreuses parties de raquettes. Elles se donnaient rendez-vous chez Claire, avenue Laval. Monique arborait fièrement le costume d’une de ses sœurs. Dans son beau chandail blanc à col roulé, avec son visage rose et ses yeux bleus, et ses sourcils noirs qui dansaient de gaieté, elle devenait belle. Les autres portaient encore les tuques, les mitaines, les ceintures rouges de leur enfance si proche.

Avant le départ, elles subissaient poliment les recommandations des parents de Claire. La fragilité de Claire inquiétait jusqu’à la manie son père et sa mère. Les yeux brillants de hâte dissimulée, l’air sage, elles écoutaient les conseils, les approuvaient. Dehors, elles jetaient leurs mas-