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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/37

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CHOSE DU MONDE
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ques. Au soleil qui dorait la neige, leur enthousiasme fusait. Les raquettes sur le dos, avant d’atteindre la montagne, elles couraient le long de la rue Duluth jusqu’au parc Jeanne Mance. Comment Mère Sainte-Marie de la Crèche aurait-elle qualifié cette tenue sans dignité en pleine ville ? Mais dans la montagne, prudentes, elles n’osaient se risquer dans des chemins inconnus, elles suivaient la route en lacets. Souvent, elles s’arrêtaient et admiraient les arbres, les bouleaux si gracieux en hiver avec leurs capricieuses ramures et leurs beaux troncs blancs. De plus haut ensuite, elles regardaient la ville étendue, toute quadrillée par ses innombrables rues, et reconnaissant la flèche des clochers sous le fin voile d’une brume argentée, elles s’orientaient.

Quand un beau spectacle s’offrait, toutes les quatre sentaient leur cœur battre plus rapidement et une véritable joie les inonder. Elles ne comprenaient pas encore que ce bonheur facile, gratuit, enrichirait toute leur vie.

Si elles rencontraient un bel équipage, si des amazones passaient auprès d’elles, leur regard les accompagnait avec des sentiments divers. Monique ne cachait pas son envie. Lucette disait :

— Bah ! ces gens ont tout de même leurs tracas.