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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/38

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LA PLUS BELLE

Claire ajoutait :

— Ils ne sont peut-être pas intelligents et le paysage qui nous paraît si ravissant ils ne l’admirent pas, je parie…

Et Nicole concluait :

— En définitive, nous sommes sans doute mieux partagées.

Mais Monique n’était pas si facilement convaincue :

— Ta, ta, ta, je l’admirerais quand même, moi, le paysage et au lieu de marcher sur des raquettes qui appartiennent à mes sœurs, je monterais mon cheval, je posséderais ma voiture…

Elle énumérait tout ce que, riche, elle accomplirait : et elle en revenait toujours aux chevauchées merveilleuses sous de grands arbres, dans de beaux sentiers où le sabot du cheval scande le rythme d’une ballade, ou encore, dans des routes pleines d’ombre et de poésie, où l’amour un matin peut surgir.

Chacune, à part soi, s’imaginait alors courant les bois à son gré, avec ses rêves ; et inconsciemment elles revivaient des pages de romans. Il leur semblait que dans de pareils décors on pouvait enfin saisir cette félicité parfaite qui devait bien exister quelque part.

Parfois, au lieu de suivre la route, elles se risquaient à monter d’un lacet à l’autre, entre les