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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/60

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minces fumées jaillissaient des foyers pauvres et isolés. Lucette, par contraste, se sentait plus heureuse. Elle but trop de café, s’exalta davantage.

À Matapédia, elles descendirent. L’énorme train continua sa route et elles se dirigèrent vers la ligne de la Baie des Chaleurs où attendaient trois wagons et une vieille locomotive. La gare, en bois rouge, avec ses entrecroisements de rails, se nichait au creux de montagnes aux formes rondes, richement boisées et vertes, du vert profond des résineux. L’atmosphère changeait : là commençait ce pays de repos où toute existence coulait au ralenti.

Dans le wagon défraîchi, les fauteuils des voyageurs étaient retenus du côté de la mer. Elles y trouvèrent des amis, que dans le rapide elles n’avaient pas rencontrés : un peintre qu’Aline de Villemure connaissait : un abbé qui avait enseigné le catéchisme à Lucette à Saint-Léon. Ils se rendaient eux aussi à Percé.

Lucette déjà trop vibrante, exprimait sa hâte de voir plus loin.

Ceux qui repassaient par cette route lui recommandaient :

— Ménagez votre enthousiasme, ce que vous avez vu n’est rien, à côté de ce que vous verrez.