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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/62

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tait le firmament : et ensuite, capricieux, il s’enfonçait dans les bois, montait en haletant les côtes. Aux descentes, l’élan donnait l’impression de la rapidité. Par les fenêtres entrait gaiement l’été : l’air vibrait dans les rayons de soleil.

Puis le train poussif surgit du bois profond en haut de la falaise. La baie apparut, élargie, sans borne, et merveilleusement bleue, ondulée de vagues qui couraient joyeuses vers la grève blonde. L’odeur saline, rafraîchissante comme un breuvage, envahit le wagon. Trois petites barques, au large, tendaient au vent leurs voiles blanches, et quand Lucette aperçut en plus les premiers goélands, elle constata que tout était plus beau que ses rêves. Elle ne quitta plus la mer du regard. D’avance, elle se l’était représentée grandiose et grise ; elle lui apparaissait souriante, calme, nonchalante, heureuse, roulant avec paresse ses vagues éblouissantes.

De nouveau le train abandonnait le rivage pour la forêt, et Lucette, sortant de son extase, eut faim. Pendant qu’à belles dents elle dévorait des sandwiches, elle se remit à la fenêtre pour ne rien perdre du spectacle.

Toute la journée, la voie côtoya la rive. L’odeur saline plus violente frappait au visage comme un bon vent. Le tortillard s’amusait à contourner le feston fantaisiste que les vagues ont creusé dans