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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/76

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veaux regards posés à la fois sur elle, Lucette préféra monter tout de suite. Elle suivit l’escalier large et tournant, derrière une bonne qui portait la lampe. Elle guettait, curieuse, l’aspect de cette chambre qui serait sa première chambre en dehors du domicile paternel. Des murs blancs, bleutés dans l’ombre, deux lits de fer monastiques, une commode, une table à écrire en érable, et tout cela astiqué, frais, propre, plaisant à l’œil. Lucette soupira d’aise. Elle serait heureuse dans cette atmosphère.

Cinq minutes plus tard, elle dormait ; toute la nuit elle dormit bercée par le roulement du train.


Elle s’éveilla. Le soleil se levait. Ses regards fascinés, tout de suite s’attachèrent au grand Rocher blond. Debout sur la mer encore sombre, il se dressait sur le ciel rose, comme la gigantesque ruine d’une forteresse de féerie. Autour virevoltaient d’innombrables goélands aux cris plaintifs. Ce spectacle seul dépassait tout ce que Lucette avait imaginé. Pourtant, un immense et magnifique paysage encadrait cette merveille des merveilles, ce rocher percé d’une porte romane ouverte sur le bleu des flots et la ligne pourpre de l’aurore, ce rocher aux formidables proportions et aux violentes couleurs.