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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/77

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Bâti sur une élévation, au pied du Mont Sainte-Anne, le Sanatorium dominait tout : le village étagé jusqu’à la plage, les toits rouges, bruns, gris, éparpillés sur une pointe rongée de deux baies en demi-lune : la baie du Nord et la baie du Sud, entre lesquelles s’avançaient vers le rocher, la colline d’ardoise du Mont Joli.

Lucette extasiée, admirait tant de beauté prodiguée à un seul coin de pays. À l’extrémité de la baie du Nord, les falaises se relevaient en un massif fauve ; Le grand Père, — et en trois dents aiguës et verdoyantes ; — Les Trois sœurs. Et si Lucette jetait les yeux en face d’elle, à un mille du rivage, l’île Bonaventure, sous la forme bien définie d’une baleine à fleur d’eau, lentement sortait d’un mince nuage de brouillards que rosissait le soleil levant. Tout ce splendide tableau était brossé d’un coloris extraordinaire : la route se déployait rousse et sinueuse entre les verdures nuancées et fraîches des champs et de la montagne ; la rosée, mouillant les galets, mêlait des brillants à la couleur blonde de la grève. Pour accentuer l’apparence irréelle de ce monde nouveau, dans la clarté de plus en plus lumineuse, — une clarté de transfiguration, — volaient les goélands aux larges ailes éclatantes, si nombreux que Lucette étonnée se rappela un songe qu’elle avait eu autrefois.