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Mais elle était bien éveillée. Par la fenêtre entra plus forte l’odeur saline de l’eau mêlée au parfum sucré, savoureux de la résine, qui venait de la montagne, et que le soleil déjà chaud épandait comme un encens. Le matin se levait sans vent, comme tous les beaux matins sur la côte. Plus tard, avec la marée montante, la brise viendrait bouleverser ce calme.


Grave, attendrie, les yeux mouillés, Lucette voua son cœur à ce pays. Jamais, nulle part au monde, elle ne pourrait découvrir un paysage plus magnifique et qui la comblerait davantage. Elle devinait toutes les joies qu’il lui donnerait ; livre immense dont chaque ligne se graverait dans sa mémoire. Ces routes, elle les parcourrait ; cette mer bleue la bercerait ; sur cette plage elle verrait passer les heures changeantes et belles ; des sommets qui l’entouraient et qu’elle gravirait, l'horizon s’étendrait encore ; et les matins, les midis, les soirs, les beaux, les mauvais jours modifieraient l’aspect de ce tableau vivant.

Malgré l’heure trop matinale, elle ne pouvait plus dormir. Une grande reconnaissance pour Dieu baignait son âme. Dieu avait tout créé et lui offrait toute cette splendeur.

Dans la salle à manger, une certaine timidité tempéra l’expression de son enthousiasme. Au-