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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/85

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cinéma ; elle lisait de l’histoire, de la philosophie, de l’apologétique.

Sa jeunesse un peu austère retrouvait son élan dans les sports. Ses profondes réflexions la suivaient bien quelquefois même au bain ; la pensée ne s’éteint jamais ; mais Nicole redevenait vite jeune. Elle éprouvait un orgueil enfantin pour ses brasses rapides, et du plaisir à voir en plongeant, le fond boueux du lac. Le jour où elle avait connu Alain, délivrée de la présence de ses compagnes, de leurs exigences, elle avait nagé longtemps, puis, fatiguée, elle était remontée dans la barque.

Elle se souvenait de tout.

Cette année, Alain était revenu. Au début, il s’approchait souvent du groupe dont elle faisait partie. Persuadée qu’elle ne l’intéressait point, Nicole disparaissait chaque fois sous un prétexte quelconque. La solitude lui plaisait ; elle n’éprouvait pas comme ses compagnes le besoin d’une amitié masculine. Elle s’esquivait pour obéir à sa sauvagerie naturelle. Une coquette avérée n’aurait pas mieux servi ses intérêts.

Déçu, Alain la regardait partir. C’était elle qu’il recherchait. Il n’aurait pas su dire pourquoi ce gracieux visage brun, ces dents blanches, ce sourire rare et cette indépendance l’attiraient. Il ne savait rien d’elle ; mais elle lui avait plu de