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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/89

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CHOSE DU MONDE
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envahie par une sourde mauvaise humeur, elle se dit :

— Pourquoi me poursuit-il ? Pourquoi est-il sur mon chemin ? Pourquoi tient-il à ce que je sois son amie ? Je ne veux pas me marier, moi, je ne veux pas, je ne veux pas.

Et malgré elle, elle commençait à aimer les yeux gris d’Alain, les paupières lisses comme de la cire, les cils épais et longs. La bouche lui plaisait moins, et le dogmatisme du jeune homme dans le domaine des idées l’agaçait parfois.

Le train roula dans la campagne chaude, calme, odorante. Nicole n’écoutait presque pas Alain. Angoissée, en proie à une soudaine obsession, elle se répétait :

— Pourquoi se trouve-t-il à mes côtés ? Que me veut-il ? J’étais heureuse sans lui.

Et déjà, vaguement, elle craignait l’émoi profond que lui communiquait ce regard masculin, le plaisir de répéter ce court nom : Alain, la souffrance intime d’un bouleversement.