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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/92

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amitié toute neuve et émerveillée ! d’échanger des opinions, des confidences, des souvenirs, des impressions. De parler du pessimisme, de l’optimisme, et de quoi encore ? de psychologie, de logique, de poésie, de roman ! Puis, Alain s’évertuait, à définir Nicole, et Nicole s’évertuait à définir Alain. Elle lui reconnaissait l’âme d’un chef, exaltait son ambition.

Alain lui écrivait le soir, mettait sa lettre à la poste à onze heures. Elle la recevait le matin, répondait tout de suite, jetait son enveloppe dans la boîte du coin avant la levée de midi ; Alain la trouvait à cinq heures en rentrant du cours. Même s’il devait voir Nicole le soir, il répondait sans retard.

Ils fréquentaient rarement le cinéma. Ils assistaient à des conférences, à des cours, à quelque concert. Le dimanche ils allaient se promener dans les sentiers de la montagne. Fut-il jamais automne plus splendide ? A-t-on vu depuis des érables plus flamboyants, des merisiers couverts d’un plus bel or végétal ?

La mère de Nicole s’inquiétait un peu. Elle donnait un avis, un conseil, sa fille souriait avec assurance et l’embrassait. Elle ouvrait les yeux, étonnée ; qu’était-il arrivé à sa sage Nicole ? Aucune, surveillance n’était nécessaire ; elle s’alarmait en vain. Ils se promenaient ravis, souriants,