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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/93

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mais causant avec la tranquillité satisfaite et calme de l’amitié. Ils en avaient ainsi décidé : leur sentiment ne serait que de l’amitié. De l’amitié ? Mais ce sentiment possède-t-il toujours un tel émoi, cette secrète et merveilleuse exaltation ? Quelle joie complète d’être ensemble, avec tant d’idées en commun, une telle abondance de bonheur ! Quel enchantement de marcher du même pas vif et léger, en observant le ciel, le vol des feuilles d’automne ! De surveiller l’horizon d’où vient l’avenir, de trouver soudain si touchante la moindre brise ondulant l’herbe jaunie, ou remuant le pâle et tenace feuillage des trembles !

De grands sentiments naissaient en eux pour leur patrie. Après un cours d’histoire plus émouvant que de coutume, ils discutaient à haute voix, se confiaient leurs ambitions, leurs inquiétudes : l’espoir qu’ils mettaient pourtant en certains professeurs d’énergie ; tout finissait en résolution de courage. Il fallait édifier sa vie pour qu’elle fût belle et utile à son pays. De rares fois, Nicole un instant se ressaisissait, pensait à Alain tel qu’elle l’avait vu au début, se souvenait de ses impressions, lorsque, à ses côtés, elle était revenue de la campagne, envahie de ressentiment parce qu’il s’attachait à ses pas, s’imposait à elle.