Aller au contenu

Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Sauvage Nicole, douce et sauvage Nicole, pourquoi regretter ? Je ne vous ferai point de peine.

Elle ne leva pas les yeux, redoutant la douceur du regard d’Alain, honteuse de renoncer pour lui à ce qu’elle avait été, d’abandonner son être, sa jeunesse solitaire, pour devenir une autre, pareille à toutes les jeunes filles.


Le lendemain, Alain lui avait écrit. Elle avait aussitôt répondu. La nouvelle vie avait commencé. Le téléphone sonnait. La voix d’Alain venait des profondeurs lointaines, chaude, émue, modifiée par les vibrations de l’appareil.

Ils passèrent ensuite fidèlement, trois ou quatre soirées ensemble par semaine. Nicole était occupée. Quand ses amies à leur tour reviendraient de la campagne, Nicole aurait de nouvelles raisons d’être mystérieuse, de ne pas dire où elle allait, en compagnie de qui elle sortait.

Rien que cette formidable correspondance pouvait remplir ses jours. Elle cherchait à donner aux phrases même les moins importantes, un sens particulier, et les mots de tendresse voilée se gonflaient d’une secrète signification.

Une fois, Alain l’appelait : Ma douce amie. Une autre : mystérieuse Nicole, souvent : sauvage Nicole. Puis, avant de signer, il écrivait : à vous.