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Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/104

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LE NOM DANS LE BRONZE

nadiennes ont épousé des Anglais, et ensuite, parce qu’elles n’ont pas craint les nombreuses familles.

Sa pensée dévie ; Jacqueline Lanoue a maintes fois déploré devant elle, le nombre sans cesse grandissant de ses frères et sœurs. Honteuse, elle se souvient de l’avoir approuvée. Jacqueline maugréait contre les sacrifices qu’une telle famille imposait, mais elle couvrait de baisers le visage rose de sa dernière petite sœur, et lui donnait des noms très doux. Et Marguerite réentend les rires qui résonnent, l’originalité et l’esprit qui pétillent à ce foyer rempli ; elle comprend la joie profonde des maisons pleines, et la richesse morale qui compense la pauvreté matérielle à subir parfois.

L’image d’un mariage avec Steven reprend sa pensée. Alors lui apparaît le fantôme d’une famille moitié anglaise, moitié française, moitié catholique, moitié protestante, tiraillée de divisions intestines. Elle frissonne d’angoisse. Le seul moyen d’établir l’unité comporterait l’abdication de sa personnalité française et catholique. Mais alors se lève le spectacle d’une famille exclusivement anglaise, exclusivement