Aller au contenu

Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
149
LE NOM DANS LE BRONZE

moi mes opinions. Je ne veux pas changer d’idée, et maman prétend que je changerai…

— Nos parents prétendent toujours que nous changerons…

— À Montréal, continue Jacqueline, quand je suivais les cours de l’Université, le professeur m’a répété sur tous les tons que j’avais du talent. Tu verras, je finirai par réussir. Je cache tout ce que j’écris, jusqu’à ce que tout soit plus vivant.

Sa bonne humeur et son entrain stimulent Marguerite, mais celle-ci n’écrit pas, ne fait point de peinture, ni de musique ; elle ne se reconnaît de talent particulier pour rien. Et durant ses longues journées vides sa peine se tord à loisir en son âme.

Elle a reçu de Steven des lettres suppliantes. Elle lui a répondu une fois, avec une fermeté sans pareille. Cet entêtement qu’on lui reproche depuis son enfance, enfin, il sert une juste cause.

Son chagrin le matin a moins de vigueur ; au soleil elle se réjouit davantage de son acte de courage et se félicite de n’avoir plus à affliger sa pauvre maman. Elle a changé ses habitudes. Elle se lève tôt et se rend à une