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Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/161

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LE NOM DANS LE BRONZE

mi-clos, sur son livre qu’elle ne lit pas, devant la mer qui l’enchante.

Ce voyage, c’est un bonheur.

— Mais plus pour Louise que pour moi, se dit-elle, en voyant apparaître à l’autre bout du pont son amie au bras d’un jeune homme. Ils ne se quittent presque pas depuis le départ. Ils forment joyeusement des projets pour le séjour à Paris. À peine s’ils se connaissent, mais les familles se conviennent, Madame Dupré ne désapprouve pas et l’intimité s’établit vite à bord.

À les voir passer et repasser et lui jeter une invitation à les suivre, Marguerite devine que ce ravissement des premiers pas que l’on fait à deux, ils le savourent secrètement. Sous l’invitation se cache leur désir de solitude. Et pour eux, sans doute, des propos légers se chargent de sens parce qu’ils se plaisent.

Des jeunes gens ont aussi tenté d’approcher Marguerite. Sans les repousser, elle reste si lointaine, si distraite qu’ils n’échangent avec elle que ces paroles polies, impuissantes à créer le moindre lien. Elle ne veut s’intéresser à personne. Elle tient compagnie à