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Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/162

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LE NOM DANS LE BRONZE

Madame Dupré, qui la trouve sage et sérieuse, et en parle à Philippe dans ses lettres.

Que deviendra, que devient Steven ? Elle souhaite qu’il soit à la fois heureux et malheureux ; malheureux de l’avoir perdue, heureux de savoir qu’elle l’aime, l’aimera toujours, qu’il n’y aura pas d’amertume entre eux.

Mariée, est-on si heureuse, après tout ? Ses sœurs, quand elles reviennent à Sorel, n’ont pas des visages rayonnants. Elles racontent, comme tout le monde, une série de petits et de gros ennuis. Leur bonheur est un peu prosaïque pour Marguerite. L’amour ne nous trompe-t-il pas ? Steven et elle, à la longue, se seraient-ils habitués l’un à l’autre ? En aurait-elle souffert ?

Elle ouvre ce livre, que Philippe lui a donné et qu’elle n’a pas encore lu : « Je crois que je vous aime » ; une idée naît dans son esprit. Elle tapote la couverture, se souvient de la phrase du jeune homme : « Je vous l’offre pour le titre ». Le lui a-t-il donné en guise d’aveu ? C’est ingénieux et doux. Pourquoi la scène lui revient-elle si nettement en mémoire, maintenant ?

Pauvre charmant Philippe, pauvre Philippe plein