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Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/51

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LE NOM DANS LE BRONZE

nonce la phrase de division, posé l’obstacle. Il ne l’aurait point fait, si sa conversion avait été décidée.

Son rêve, elle ne peut plus en douter, se heurte à une désapprobation générale. Comment ne l’a-t-elle pas compris plus tôt ? Elle savait l’opposition de sa mère, comment n’a-t-elle pas aussi vu la sourde hostilité autour d’elle, quand elle mentionnait le nom de Steven ? Même Jacqueline Lanoue, sa meilleure amie, détournait la conversation pour n’en pas parler et Marguerite, contrariée, sentait alors comme un mur s’élever entre elles. Et dire que sottement, elle avait attribué cette froideur à un sentiment de jalousie chez Jacqueline qui était sans amour. Ce soir, la douleur lui ouvre les yeux. Jacqueline la plaint, plutôt, au lieu de l’envier, et tout le monde pèse probablement avec une feinte sympathie, les minces chances qu’un ménage pareil aura de rester uni. Marguerite, rougissante, reconstitue les conversations, les papotages dont son avenir a dû faire les frais ; les réflexions narquoises ou mesquines accentuées souvent de moquerie, de gaîté cruelle. Elle en a tant entendu de semblables, dans