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Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/52

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LE NOM DANS LE BRONZE

tous les salons. L’amertume et le dégoût l’oppressent. Elle ne veut pas être discutée.

Ses amies ignorent à quel point elle aime Steven, pourquoi se mêlent-elles de la juger ? Mais n’a-t-elle pas souvent elle-même, interprété des sentiments qu’elle ne connaissait pas non plus ? On n’évite jamais les commentaires d’autrui, qu’on fasse bien ou mal ; alors à quoi bon s’en soucier ? Tout cela n’est rien, ne vaut pas le sacrifice de son amour. Elle endurera tout, courra tous les risques. C’est son bonheur à elle, son propre avenir qui est en jeu. L’obstacle religieux seul, en somme, doit compter. Et puisque la Providence les a mis sur le même chemin, a permis qu’ils s’aiment, en priant, en faisant des promesses au Ciel, Marguerite se dit qu’elle obtiendra la conversion de Steven. Mais elle se souvient tout de suite de nouveau, que c’est lui qui a provoqué son chagrin ; qu’il semble condamner leur union. Il ne veut pas franchir cet obstacle. Tous ses raisonnements s’effondrent et, fougueusement, elle se reprend à pleurer.

Le souvenir brûlant des lèvres de son ami réveille plus fortement en elle le désir qu’elle a de s’appuyer