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Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/56

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LE NOM DANS LE BRONZE

renouvelée en la Providence. D’un naturel gai, elle aime la vie en dépit de ses tracas et l’accepte avec contentement. Elle n’envie personne, ne désire ni la richesse, ni les bonheurs apparents d’autrui. Chacun porte ses fardeaux, assure-t-elle. Sans se plaindre, elle endure les petits et les grands ennuis, avec la certitude qu’en accomplissant son devoir, en servant et en priant bien Dieu, elle n’en sera pas abandonnée. Elle croit fermement que tout, avec la grâce divine, finit par s’arranger. C’est toute sa philosophie, et elle ignore surtout que c’en est une.

En tête à tête avec Marguerite, elle souffre de cette timidité particulière aux mamans que leurs filles dépassent, par l’instruction et le raffinement superficiel que donne l’usage du monde. Pour s’exprimer, les mots lui manquent. Depuis que sa fille est grande, elle ne sait plus causer avec elle. Marguerite a ainsi pris l’habitude de ne rien lui raconter des intérêts et des sentiments de sa vie. Jean lui sert plutôt de confident. Mais elles sont souvent seules toutes les deux à la maison, et la jeune fille regrette de ne pas bavarder avec sa mère, comme elle le fait si naturellement avec