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Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/63

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LE NOM DANS LE BRONZE

conjugale. L’aînée de huit enfants, Jacqueline a encore le soin de ses tout petits frères, elle doit à tout propos se priver, se sacrifier peur eux. Avec tant de bouches à nourrir, à la maison, il n’y a jamais assez d’argent. Elle constate tous les embarras d’un ménage. Elle rêve d’une vie à elle. Elle lit, elle veut écrire, se faire une réputation, pour avoir une raison honorable de rester vieille fille. Mais habiter Sorel la désappointe. Elle ne s’y résigne pas, espère de tout son cœur retourner à Montréal où, jusqu’à ces dernières années, sa famille a vécu.

L’été, Jacqueline aime assez la petite ville. Mais quand revient la saison des concerts, des conférences, quand elle se revoit à Montréal, changeant ses livres à Saint-Sulpice, au Fraser, mangeant à l’heure du thé des brioches chez Kerhulu, courant les magasins, les ventes, flânant aux vitrines des librairies de la rue Saint-Denis, sa nostalgie, son ennui ne connaissent plus de bornes. Et toutes ses amies d’enfance qu’elle a dû quitter ! Sans Marguerite et sans Jean, elle prétend qu’elle serait bien à plaindre. Marguerite aime les choses qui l’intéressent elle-même. La bibliothèque