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Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/88

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LE NOM DANS LE BRONZE

Madame Dupré se plaint de sa vieille maison, mais sa vieille maison possède un charme inimitable, un cachet qui est le résultat de longues années de bon goût et de tendresse. Il a fallu bien aimer son foyer pour lui composer cette physionomie vivante et harmonieuse et y vivre longtemps, pour modeler ainsi son expression.

La vie des Dupré s’est greffée à ces murs et en a fait la maison, dans son sens le plus parfait, l’abri solide, durable, des traditions et de la continuité. Le parfum du passé donne au présent une valeur particulière, la vieille demeure superpose son caractère à celui de ses habitants, rehausse leur distinction, leur confère une espèce de titre de noblesse, parce qu’elle les encadre avec une dignité rare.

Mais Madame Dupré, d’esprit positif, pratique, avec un peu d’ingratitude, mais non sans raison, a cessé d’aimer ce foyer. En vieillissant, chaque escalier remonté lui cause un peu plus de fatigue. Elle ne peut s’empêcher de dire que son plus cher désir est d’aller finir ses jours ailleurs, dans une habitation plus petite et plus neuve, plus confortable, où il y aurait plus de