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Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/9

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Sous le ciel lourd du soir trop chaud, toute la petite ville semble attendre.

À chaque extrémité du débarcadère, se balance une faible ampoule électrique et les promeneurs vont et viennent, de cette clarté pauvre à l’ombre, que le blanc des robes éclaire. Des enfants se penchent au-dessus du Richelieu qui coule tranquille, profond et noir. Une horloge, de la tour du bureau de poste, veille sur Sorel comme un phare ; lentement, elle sonne dix heures. Une lumière surgit au loin.

Ce falot qui approche, suspendu au mât invisible, ne donne d’abord qu’une étoile de plus à la nuit qui cache le fleuve ; puis le bateau, dépassant la Pointe aux Pins, se montre tout entier, blanc, énorme, ses fenêtres illuminées se réfléchissant dans les vagues, en longues colonnes torses. Il entre dans le Richelieu, ralentit, glisse, rasant le quai. Du haut des ponts, les