Aller au contenu

Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
8
LE NOM DANS LE BRONZE

passagers regardent les matelots enrouler les lourds câbles de chanvre aux bornes d’amarrage, ou cherchent dans cette foule des visages connus.

La passerelle est tirée. Les cochers offrent leurs fiacres démodés aux voyageurs qui descendent. Sur leurs roues cerclées de fer, surchargés de bagages, les cabrouets circulent du navire aux hangars. Des autos démarrent brusquement, noyant le bruit des cris et des rires.

L’arrêt se prolonge ; quelqu’un réclame des chansons. Ce soir-là comme d’habitude, des jeunes gens entonnent à pleine gorge :

— Alouette, gentille alouette…

Un chœur improvisé répète le refrain qui retentit avec force au bord de l’eau sombre. Une espèce d’exaltation passe dans les voix.

Mais sans se soucier du chant et sans saluer personne, absorbés l’un par l’autre, Marguerite Couillard et Steven Bayle s’en vont.

— Nous n’existons plus pour eux, l’idylle finira par un mariage, vous verrez, commente une jeune fille.

En effet, ils ne paraissent pas avoir conscience