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Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/11

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LE NOM DANS LE BRONZE

de l’entourage. Attentif, Steven guide doucement son amie à travers la cohue et, d’un commun accord, au lieu de rentrer en ville, ils s’enfoncent dans les ténèbres vers le fleuve.

Sur les quais qui bordent le Richelieu, les madriers endommagés, les amarres tendues des remorqueurs, des barges, des charbonniers, rendent leur marche difficile. Pour aider Marguerite à franchir les obstacles, le jeune homme tient son bras nu. Ici et là, des bouées rouges, ventrues, attendent leur destin ; des amas de charbon, de sable, s’enflent en collines le long des hangars ; tout un paysage hétéroclite se dessine, dans le mystère du soir.

À mesure que Marguerite et Steven s’éloignent, le silence les enveloppe un peu plus. Les vagues frappent le quai d’un clapotis léger ; parfois, une poulie grince et des cordages battent sur un mât. Le décor familier se lie à leur émotion. Ils s’aiment. Sans parler, ils avancent lentement entre les bateaux endormis et ce pêle-mêle qui découpe dans le noir ses silhouettes fantastiques.

Marguerite dit soudain :