Aller au contenu

Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/90

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
88
LE NOM DANS LE BRONZE

d’aristocrates, de gens polis, qui se plient à un cérémonial ancien, le maintiennent dans le présent avec son charme, sa galanterie, sa distinction.

Nulle part ailleurs les visites n’ont mieux gardé leur préciosité et tous leurs rites. L’esprit social est très développé et chacun tient à bien marquer le rang qu’il occupe. On s’y connaît en généalogies, en relations. Il est toujours préférable pour un arrivant, quels que soient son mérite personnel et son intelligence, de pouvoir rattacher son nom à celui d’une famille connue. Autrement, on l’admettra avec une certaine méfiance, on l’appréciera à la longue s’il le mérite, mais on le regardera toujours d’un peu haut, à cause de l’obscurité de son origine. Les gens les meilleurs et les mieux intentionnés évaluent ainsi, malgré eux, leurs connaissances nouvelles. Ils ne peuvent pas se figurer qu’on puisse être distingué si l’on n’est point issu d’un certain cercle.

Marguerite Couillard, pendant les repas, à la tournure de la conversation, découvre ce snobisme inconscient et constate en même temps avec satisfaction que son nom possède le relief nécessaire. Tou-