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Page:Le Destin tragique de Guy de Maupassant (extrait La Trahison de la comtesse de Rhune), 1927.djvu/23

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Haleter sous l’ardent bonheur qui vous emplit ;

Ne plus penser, et vivre en un immense oubli

De tout, l’un prés de l’autre, émus et pleins de fièvres ;

Et se tenir les mains et se baiser les lèvres ;

Et sourire toujours et ne parler jamais.

Ah ! je deviendrais fou, madame, si j’aimais.


LA COMTESSE

C’est fort bien dit. Parlez, maintenant, Valderose.

Comment aimeriez-vous ?


JACQUES DE VALDEROSE

Oh ! moi, c’est autre chose.

J’aurais plus de désirs et plus de passion,

Et toutes les ardeurs de la possession.

Je voudrais être maître en même temps qu’esclave.

Je voudrais un rival, un mari, qu’il fût brave,

Noble et riche, afin d’être à quelqu’un préféré :

D’être le seul aimé, le seul choisi, sacré

Roi par la femme ainsi qu’un prince par le pape.

Alors, ne possédant que l’épée et la cape,

J’aurais plus de triomphe et de richesse au cœur

Que n’en trame à sa suite un conquérant vainqueur.