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Page:Le Destin tragique de Guy de Maupassant (extrait La Trahison de la comtesse de Rhune), 1927.djvu/24

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Car j’aurais tout, son œil, ses cheveux et sa bouche,

Et son geste, et sa voix, et son âme farouche.

Je l’envelopperais de longs baisers très doux

Comme d’un voile, et les anges seraient jaloux.

Puis, à l’heure où descend la nuit sombre,

Dieu même m’envierait quelquefois dans son bonheur suprême.


LA COMTESSE, se lève et, allant lentement vers la porte.

Enfants, vous vous trompez : ce n’est point tout cela.


Elle revient tout à coup riant.


Vous, monsieur de Kersac ?


PIERRE DE KERSAC

Oh ! le cœur que voilà,

Madame, a maintenant trop porté la cuirasse ;

Il est mort là-dessous ; quoiqu’il garde la trace,

Comme une cicatrice au front d’un trépassé,

D’un amour douloureux qui l’a jadis blessé.


LA COMTESSE

Tiens, dites-moi cela ?


PIERRE DE KERSAC

Toujours la même histoire :

J’aimais, je fus payé d’une trahison noire.