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Page:Le Destin tragique de Guy de Maupassant (extrait La Trahison de la comtesse de Rhune), 1927.djvu/60

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SCÈNE VII

LA COMTESSE, SUZANNE D’ÉGLOU


LA COMTESSE, avec une joie folle.

Je l’ai vu ! je l’ai vu de ma chambre. Il est là.

Mon amour à travers l’espace l’appela,

Et l’appel de mon corps l’a fait venir plus vite

Qu’un messager portant une lettre. Maudite

Soit l’épaisseur des murs qui nous sépare encor.

Mais vous allez tomber, remparts, tant il est fort.

Il vous fera courber, comme des fronts d’esclave,

Vils Bretons et trembler de peur, tant il est brave.


On entend à trois reprises différentes l’appel prolongé d’une trompette, puis la voix lointaine d’un héraut qui crie :


« Oyez, au nom de Jean, le comte de Montfort,

A tous chefs et soldats gardant ce château fort,

Moi, Sir Gautier Romas, qui commande une troupe

De mille cavaliers portant archers en croupe,

Ce jour de saint Martin de Tours, vous fais savoir

Qu’ayez à me livrer les clefs de ce manoir ;