Aller au contenu

Page:Le Destin tragique de Guy de Maupassant (extrait La Trahison de la comtesse de Rhune), 1927.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

JEANNE DE BLOIS

Pas encore,

Mais n’en vaut guère mieux, car demain, dès l’aurore,

Il doit se battre avec notre ami Duguesclin.

Celui-ci, qui n’est guère à la clémence enclin,

Jure de ne manger pain de froment ou d’orge

Avant de lui passer son épée en la gorge.


LA COMTESSE, avec un accent particulier.

Ah !... .nous verrons cela.


JEANNE DE BLOIS

Certes, nous le verrons,

Comtesse, et comme il sied que tous les nobles fronts

Soient payés de baisers venus de nobles bouches,

A nous de lui donner...


La comtesse fait un mouvement brusque.


Quoi ? ses grâces farouches

Vous font peur ? J’aime mieux un visage un peu noir

Qu’un autre qui, trop blanc, s’admire en un miroir.

Je préfère, en un mot, le fond à la surface,

Et la beauté du cœur à celle de la face.

S’il ne vaut point en grâce un frêle adolescent,

En courage, du moins, comtesse, il en vaut cent.