Page:Le Destin tragique de Guy de Maupassant (extrait La Trahison de la comtesse de Rhune), 1927.djvu/82

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Vous, chaude encor de son baiser, le cœur battant,

Vous courrez à travers le tumulte éclatant

Ouvrir au chef anglais votre amour, et la porte

Qui protège votre hôte et sa royale escorte !

Et vous ne craignez point la vengeance du sang ?

L’homme qu’on tue, après sa mort est plus puissant

Qu’un roi victorieux où passe son armée.

Vous verrez votre vie à tout espoir fermée ;

Vous chercherez en vain assez d’ombre où cacher

Vos remords plus aigus que les traits d’un archer,

Vous sentirez toujours l’enfant qui vous regarde

Dans le jour et la nuit, et vous fuirez, hagarde,

Au fond des bois, hurlant de peur comme les loups.

Adieu !


LA COMTESSE

Quoi ! tu t’en vas ?


SUZANNE D’ÉGLOU

Je vais prier pour vous.


LA COMTESSE

Dieu n’enchaînerait pas ma haine meurtrière.

J’aime, entends-tu ; mon cœur ne craint poi