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ÉVANGÉLINE

Les contes merveilleux de la femme des bois,
Et les sons lents et doux de sa magique voix.
Elle s’imaginait être au loin transportée
Au splendide horizon d’une terre enchantée.
Vers des cieux inconnus son cœur prenait l’essor.
La lune se leva comme une boule d’or
Sur les pics dentelés de l’Ozark aux flancs chauves,
Sa mystique lueur glissa dans les alcôves,
Les voûtes, les arceaux des lointaines forêts,
Et des gîtes cachés elle vit les secrets.
La tente de la vierge apparaissait plus blanche ;
La mousse et le roseau, le gazon et la branche,
Exhalaient des soupirs longs et mystérieux ;
Les ruisseaux murmuraient des bruits harmonieux
Et de tièdes zéphirs volaient sur les prairies.
La vierge abandonnait aux douces rêveries
Son esprit enivré, son cœur toujours aimant.
Mais une vague horreur, un noir pressentiment