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Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/127

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médecine. Quelques folles et un fou, M. de Marsay, y habitent également. Quant à Guy de Maupassant, il logeait dans une dépendance ; il est mort en effet dans un bâtiment construit il y a une vingtaine d’années, et ayant tout l’aspect d’un triste et sombre couvent.

C’est là que Guy de Maupassant finit de souffrir, et qu’après être entré vivant dans la mort il entra enfin mort dans la paix éternelle, le 6 juillet 1893, dans une chambre du deuxième et dernier étage[1], au numéro 15.

Le vénérable docteur Meuriot a bien voulu me donner sur son pauvre malade quelques autres détails qui me permettent d’écrire ces pages sur le malheureux et grand écrivain auquel on doit Bel-Ami, La Maison Tellier et Boule-de-Suif.

Même avant d’être interné à Passy, Guy de Maupassant était un original. « C’était un ours», me dit le Docteur, « et dans le monde il lui arrivait souvent, le soir, de passer des heures sans rien dire et de ne même pas parler à la maîtresse de maison qui l’avait invité à dîner et l’avait naturellement placé à sa droite avec l’espoir d’écrire une page de plus dans l’histoire des dîners intellectuels[2]. Il buvait de

  1. Deuxième au-dessus du rez-de-chaussée. En juillet 1893, Monsieur Albert de Lapeyrouse, rédacteur en chef de la Chronique de Paris (la revue hebdomadaire fondée par Honoré de Balzac !), a inutilement tenté de visiter la chambre mortuaire. Le docteur Blanche s’y est opposé au nom de la famille.
  2. Madame Rosalie Parisi, qui a vu Maupassant lors de son excursion en Sicile, qu’il décrivit depuis dans un de ses volumes de voyages, me disait à Frascati le 22 août