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Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/150

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le Midi, Guy abandonnait Paris, les amitiés littéraires, pour suivre à Antibes et à Cannes Mme de Maupassant, qui devint la confidente jamais lasse, ne se bornant pas à admirer, mais se pénétrant de l’œuvre qu’elle critiquait sagement. À elle seule était confiée la tâche délicate de corriger les épreuves ; sa forte éducation littéraire lui permettait de le faire.

« Deux grandes douleurs devaient briser la vie de Mme de Maupassant : d’abord la fin de son second fils Hervé, puis la maladie de l’aîné, surprenante pour tous ceux qui connurent la robuste santé physique et morale de l’écrivain. Elle assista à l’agonie de cette âme géniale, et dut accueillir la mort définitive de Guy comme une presque délivrance. Alors elle se retira à Nice[1], dans ce val Saint-Maurice qu’endeuillent les montagnes voilées de cyprès.

« La villa Monge, qu’occupait Mme de Maupassant, se dresse[2] au fond d’un jardin étroit où des palmiers agitaient leurs feuilles comme des éventails mus par d’invisibles mains.

« En 1899, Mme Juliette Adam voulut bien me donner une lettre d’introduction pour Mme de Maupassant ; je fus reçue avec bienveillance.

« De ma première visite, je garde une impression inoubliable. On m’introduisit dans une pièce aux volets clos. La lueur d’une bougie soulignait l’obscurité, des meubles anciens s’estompaient, on eût dit

  1. Non. Madame de Maupassant demeurait déjà à Nice avant la dernière maladie de Guy. [A. L.].
  2. La Villa Monge, où Madame de Maupassant est morte, est Avenue Villermont. [A. L.].