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Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/158

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lus souvent et relus, où la place d’honneur revient à Flaubert, dont Mme de Maupassant fut la sœur intellectuelle.

Elle eut sa très large part dans l’éducation de ce fils illustre qui lui donna tant d’alarmes et tant de joie. Elle était la confidente de son œuvre, sa conseillère, sa collaboratrice.

Quoique vagabond, épris des horizons vastes, sur l’eau, loin des foules, il revenait vers cette villa ensoleillée où l’amour maternel lui ménageait tant de douceurs. « Mère, — lui disait-il de son roman inachevé, l’Angélus, — je marche dans mon livre comme dans ma chambre ; c’est mon chef-d’œuvre ». Il l’interrompit pour Musotte ; après la première, il vint à Cannes et pour s’entraîner se mit à une étude sur Tourgueneff : « Maman, tu vas relire au galop les principaux romans de Tourgueneff ; et de chacun, à mesure, envoie-moi, en vingt-cinq ou trente lignes, le résumé. Pour te récompenser, je te promets de venir réveillonner et passer le jour de Noël, villa des Ravenelles ». Tout à coup, la veille de Noël, une dépêche. Changement de programme : « Obligé de réveillonner aux îles Sainte-Marguerite avec Mmes..., mais je viendrai finir l’année et passer mon jour de l’an avec toi ».

Que faisait peine la douleur de la mère, racontant cette scène :

« Que s’est-il passé ?... Je me le demande encore. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’après ce réveillon maudit, dès le lendemain, par le premier train, ces femmes du meilleur monde... deux sœurs, l’une mariée et l’autre veuve, repartirent pour Paris sans dire pourquoi. Bien qu’en visite avec moi, elles n’ont plus