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Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/194

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Il est certain que ce morceau révèle, à défaut d’un génie original, une curieuse facilité d’assimilation. Guy accumula de la sorte des monceaux de rimes que sa mère a découvertes au fond d’un tiroir et qu’elle conserve précieusement. Il versa dans ce travail les trésors d’énergie qui n’avaient plus la ressource de s’épancher au dehors. Et ce lui fut une façon de s’évader, par l’imagination, de la vie claustrale. Mais sa turbulence refoulée avait de terribles révoltes. Un jour, il s’amusa à parodier devant ses camarades le cours du professeur de théologie qui leur avait peint les tourments de l’enfer ; ses railleries excitèrent leur hilarité. Et le supérieur, instruit de ce scandale, lui annonça qu’il serait impitoyablement expulsé, en cas de récidive. L’écolier fut secrètement réjoui de cette menace. Pour en accélérer les effets il laissa traîner dès le lendemain, une épître dédiée à sa cousine et légèrement empreinte de libertinage...

— Attendez ! Si je pouvais aussi me rappeler celle-là ! Il envoyait à cette jeune épousée l’expression de ses regrets amoureux.

Comment relégué loin du monde,
Privé de l’air, des champs, des bois,
Dans la tristesse qui m’inonde
Faire entendre une douce voix ?

Vous m’avez dit : « Chantez des fêtes
Où, les fleurs et les diamants
S’enlacent sur de blondes têtes,
Chantez le bonheur des amants ».

Mais dans le cloître solitaire
Où nous sommes ensevelis,