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Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/267

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Mecque - de ce Paris qui reste la Cité sainte pour l’ardente imagination des jeunes gens de la province, et les fait, parfois, un moment injustes ou sévères pour leur berceau. Mais comme on y revient, à ce berceau aimé ! Comme on y revient avec joie, avec utilité aussi pour la santé de l’âme et du corps ! Comme on s’y reprend et comme on s’y fortifie !

« Laissez-moi, Messieurs, dire ici toute ma pensée. Certes, la vie de Maupassant, à Paris, fut brillante et put être enviée. Jeune encore, il avait conquis l’estime des lettrés, par son labeur qui fut grand, et leur admiration par son talent qui s’affirma supérieur au premier essai de sa plume. Mais cette femme, cette Parisienne que le sculpteur du parc Monceau a assise à côté de son image, peut représenter sym- boliquement la vie de Paris, telle qu’elle fut pour Maupassant. C’est une sirène aux yeux prometteurs, mais perfide et dévoratrice comme la sirène antique ! Il me semble, et j’en puis témoigner, que les heures les meilleures de la vie de Maupassant furent ses heures de Normandie, les heures en pleine nature, réconfortante, sur la falaise à l’air salé, dans le bateau aventureux de la mer d’Étretat, et dans cette solitude de Croisset, où, parmi le silence de la nuit, éclatait parfois la voix de Flaubert lisant à son disciple, qu’il consultait ayant reconnu sa maîtrise, quelque page de son œuvre consciencieuse et superbe ! Et, comme vous le disait tantôt M. de Heredia, d’une si exquise façon, si Maupassant pouvait assister vivant à son apothéose, certes, il éprouverait un légitime orgueil à recevoir le laurier de Paris ; mais c’est devant la branche de pommier que lui offrent