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Page:Marcel Proust - Chroniques, éd. 1936.djvu/151

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NOTES ET SOUVENIRS

son portefeuille à ses idées. M. de Calan est le grand leader de la droite, d’une énergie sombre, d’une dialectique enflammée. M. de Torrès, le nouveau président du Conseil, est aussi très apprécié pour sa réelle action sur l’auditoire. Mais M. de Soussay, très fin, très énergique aussi, d’une grande élévation de pensée, est peut-être plus modéré, plus ingénieux, plus raisonnable. J’en dirai autant de M. Zevallos.

Mais j’aurais voulu savoir chanter les louanges de M. Payen, qui a été le triomphateur de la dernière séance et de qui l’on ne saurait trop admirer les idées si élevées, le talent si puissant et si charmant, la belle tenue à la tribune. Son discours était un chef-d’œuvre et une promesse de beaucoup d’autres merveilles. Il semble que ce doive être un penseur, un orateur, un homme politique, simplement.

Marcel Proust.

P. S. — On me dit que M. de Peyerhimof s’est, à la dernière séance où je n’assistais pas, révélé un dialecticien et un orateur hors ligne.

M. P.
Le Banquet, février 1893.