Page:Marcel Proust - Chroniques, éd. 1936.djvu/191

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

TEL QU’EN SONGE

par Henri de Régnier

Tel qu’en songe, par Henri de Régnier.

Les magistrats, les médecins, les administrateurs, les gens du monde ne sont pas seuls incompétents en matière de poésie. On peut être aussi un grand orateur, un grand historien, un grand auteur dramatique, on peut être un grand « lettré », et ne pas aimer véritablement la poésie. Aussi ne pourra-t-on pas taxer de fatuité notre prétention à signaler ici un admirable volume de vers, puisqu’il n’y est besoin ni d’érudition, ni même d’intelligence. Tel qu’en songe prépare aux personnes susnommées, qui n’aiment pas la poésie, une déception plus cruelle encore que l’inévitable déception inséparable, pour tout bon esprit, de la lecture d’un poème. Car généralement la poésie contient plus ou moins en dissolution des éléments étrangers et qui font son affaire : M. Haraucourt, la dose d’éloquence, et M. Richepin, d’une rhétorique à la fois éclatante et brutale, avec une audace captivante,